Les douces violences

Enfant qui attend ses parents

Une première approche

Les "douces violences" sont un concept qui associent 2 mots contradictoires.

Avant toute chose, il est important de savoir que ce n'est pas de la maltraitance. Cependant, elles peuvent engendrer des conséquences néfastes pour le développement global, mais surtout psychique et affectif de l'enfant.

Selon l' Observatoire de la Violence éducative ordinaire, les douces violences sont utilisées au quotidien. Elles peuvent être appliquées par les parents à la maison ou par les professionnel.les dans les écoles ou les crèches. Ce sont des actes souvent brefs, parfois répétés tout au long de la journée, sans volonté de nuire. Ils peuvent se traduire par des gestes, des paroles maladroites, des jugements, un délaissement des adultes envers les enfants.

Chacun de nous a été ou sera acteur de ces douces violences, le plus souvent sans s'en rendre compte. En effet notre façon d'interagir avec les enfants est influencée par notre propre éducation, nos expériences, ce qu'on entend autour de nous ,ou encore par notre environnement. En prendre conscience, devrait permettre de réduire ces douces violences afin d'offrir à l'enfant les meilleures conditions possibles pour se développer dans la bienveillance et la bientraitance.

Voici quelques exemples concrets de douces violences afin de vous aider à mieux cerner le concept

Les exemples gestuels

- Arriver derrière un enfant et le prendre par surprise ;

- Moucher un enfant brusquement, sans le prévenir ;

- Prendre l'enfant par le bras d'un geste brusque ;

- Lors d'un change, ne pas le regarder, ni lui parler...

- Seulement le changer sans le prendre en compte.

Les exemples verbaux

- « Arrête de pleurer, tu nous fais mal aux oreilles ! » ;

- « Ah ! Ce que tu pues, tu as encore fait caca ! » ;

- « Que tu es vilain quand tu pleures » ;

- « Arrête de pleurer, on dirait un hystérique ! » ;

- "Bouh, tu es moche quand tu cries, regarde ta copine elle ne crie pas et elle est jolie !" ;

- "Tu n'écoutes jamais !" ;

- " Mange sinon maman ne sera pas contente de toi !" ;

- " Fais moi plaisir et mange tout !" ;

- " Avec ton petit ventre on dirait un éléphant !" ;

- "A ton âge tu devrais déjà marcher, regarde elle est plus petite et elle le fait déjà !" ;

- " Tu es vraiment une méchante fille !" ;

- "Fais ceci et je te donnerai cela" ;

- "Tu comprendras quand tu seras plus grand" ;

- " Arrête tes caprices, c'est n'importe quoi ce que tu es entrain de faire !" ;

- "Mais dépêche-toi !" ;

- "Fais- lui un bisous ! " ;

- "Tu manges comme un cochon".

- " aujourd'hui tu es vilain, je ne t'aime plus !"

Les exemples de négligence

- Ignorer un enfant qui pleure --> " Tu pleures trop , je ne t'écoute plus" ;

- Ignorer le rythme de l'enfant --> " Tu vas dormir comme tout le monde" ;

- Lui refuser quelque chose car à ce moment là nous somme en colère ;

- Parler entre deux personnes d'une tiers personne sans la prendre en compte --> "Il est vraiment insupportable quand il se met en colère comme ça" ou encore " Tu as vu son père ce matin, il était vraiment sale ! Pauvre enfant" ;

Leurs impacts sur l'enfant

Ces douces violences peuvent avoir différents impacts sur le développement global de l'enfant.

Tout d'abord, elles peuvent représenter un manque de respect et de considération du jeune enfant, le mettant alors en situation d'échec. Ces situations se produisent de manières inconscientes. Celles-ci entraînent aussi un non respect du rythme de développement de l'enfant, ne lui permettant pas de se développer dans les conditions les plus favorables qu'il puisse avoir.

Ces douces violences peuvent mener l'enfant dans une situation d'insécurité affective. Chaque geste ou parole peut blesser profondément l'enfant.

Il est important de savoir qu'un enfant, tout âge confondu, ressent et comprend les émotions, les paroles et les actes, que nous lui procurons. Cela peut entraîner des conséquences sur le développement de la personnalité de l'enfant, car chaque action qu'il subit s'inscrit dans son patrimoine affectif. Par exemple, Lorsqu'un enfant ressent de la peur due à de la " violence", son instinct peut le faire se replier sur lui-même. Il aura alors un manque de confiance en l'adulte, mais aussi en lui-même. L’enfant peut se sentir vulnérable et inférieur par rapport à l'adulte. Celui-ci subit ces violences comme étant une dévalorisation de sa personne.

Ces actes peuvent avoir un impact pour le restant de sa vie. De plus, les douces violences peuvent favoriser un comportement querelleurs de l’enfant car celui-ci imite son environnement afin de s'y repérer et de comprendre son fonctionnement. Nos propos et nos actes auront toujours un impact sur le développement de l'enfant. Il se développe ainsi en prenant en compte notre regard sur lui-même. C'est pourquoi adapter nos mots, nos gestes, nos actions est important pour son développement actuel, mais aussi pour son futur.

Les alternatives pour appréhender et éviter ces douces violences

Si nous avons le souhait de trouver des alternatives afin d'éviter ces douces violences, certains comportements adaptés peuvent être mis en place. L'objectif est d'essayer le plus possible de donner un environnement stable et serein, pour favoriser au mieux le développement de l'enfant.

Pour reconnaître ces douces violences nous pouvons nous demander si en tant qu'adulte nous accepterions de recevoir ces mots, gestes, négligences envers notre personne. Nous pouvons aussi nous demander quels en seraient les conséquences, pour essayer de se rendre compte de l'impact qu'à ces actions sur nous, mais surtout sur l'enfant.

Le langage positif est favorisé afin d'éviter d'utiliser trop de négation. Si on emploie toujours des formulations négatives, cela engendre une vision pessimiste et décourageante pour l'enfant, le conformant à une image impuissante de lui-même. Par exemple, dans le langage positif, à la place de dire " tu ne dois pas courir ou tu tomberas" nous pouvons dire " je préfère que tu marches pour éviter de tomber".

Un enfant est un petit-être apprenant à découvrir son environnement, ainsi que tout ce qui l'entoure. C'est pourquoi, dès tout petit, ce dernier va se mettre à nous imiter, à découvrir son milieu , à répéter ses actions, jusqu'au moment ou il comprendra l'intérêt de ce qu'il fait et son impact dessus. Il prendra conscience qu'il est acteur de sa propre vie, et de l'impact qu'il peut avoir sur ce qui l'entoure. Cela engendre alors beaucoup d'expériences à vivre, comprendre et acquérir. C'est pourquoi, par exemple, lorsqu'un enfant jette de la nourriture parterre et que nous lui disons non, il va recommencer. Votre petit est alors en pleine découverte, il observe et analyse l'action qu'il vient de réaliser et va le répéter encore et encore... Tous ce que vous pourriez faire est de verbaliser ce qu'il se passe et lui répéter toujours la même chose. Au bout d'un certain temps, il prendra conscience de son impact, mais aussi du fait que ce soit, dans ce cas précis, interdit. Si possible, essayez de garder au maximum votre calme, soyez armé d'une immense patience, pour pouvoir transmettre à l'enfant ce que vous souhaitez lui enseigner.

Nous devons savoir que lorsqu'un enfant naît, son cerveau est encore immature. Lors de son développement il acquerra différentes étapes pour qu'il puisse devenir un enfant, un adolescent et un adulte stable, confiant, serein, tout en se sentent en sécurité. Lors de son enfance, il apprendra à connaître, reconnaître et contrôler ses émotions. Sachez que lorsqu'il rigole, cri ou pleure, l'enfant le fait sans filtre. Il exprime tout au moment où il le ressent. En revanche, il ne sait pas exactement ce qu'il ressent, ni si la manière dont il l'exprime est en cohésion avec notre société. Pour donner un exemple, si un enfant A prend des mains le jouet d'un enfant B, celui si va se sentir frustré, en colère ou même triste de ne plus être le propriétaire momentané du jouet en question. Il va alors l'exprimer à sa manière. Celle-ci peut être faite par des cris, des pleures, des morsures, ou encore par des coups. Lui crier dessus n'arrangerait pas la situation. Au contraire cela pourrait l'aggraver. Le petit a besoin d'être rassuré, apaisé et comprendre ce qu'il est entrain de vivre. En prenant un ton ferme nous pouvons lui dire " Non c'est interdit !" suivi d'une explication " je sais que tu es triste et en colère qu'il t'ait pris ton jouet, mais tu dois exprimer tes sentiments autrement. Tu peux lui exprimer ton mécontentement en disant non. Tu peux même essayer de le reprendre par toi même, mais sans taper ni mordre. ". L'objectif est de verbaliser et communiquer un maximum sur ce que l'enfant ressent et lui montrer différentes manières adaptées pour qu'il puisse les exprimer.

Nous pouvons également lui faire part de nos émotions et sentiments. L'enfant pourra alors apprendre à cerner ceux des autres personnes et pourrait potentiellement les mettre en liens avec les siens. Par exemple lorsqu'un enfant monte sur un objet dangereux nous pouvons lui dire : "Je sais que tu as envie de grimper sur cet objet, j'ai confiance en toi mais j'éprouve de la peur à l'idée que tu puisses tomber et te faire mal. Je te propose d'essayer de grimper sur cet objet qui me semble moins dangereux". L'enfant comprendra qu'il n'est pas le problème de cette situation. Nous devons lui montrer qu'il peut compter sur nous, nous faire confiance. Le soutenir l'aidera a s'ouvrir davantage, à comprendre l'environnement qui l'entoure ainsi que lui même. Nous pouvons ainsi lui donner des conseils, lui dire qu'il en est capable. Cela lui donnera confiance en lui et confiance en nous.

Un autre aspect touche les paroles négatives que nous pouvons avoir en présence de l'enfant. Ces paroles peuvent être en direction d'un collègue, d'un parent, ou même d'un enfant. Cette action à lieu lorsqu'on est en présence d'un ou de plusieurs petits. Rappelons nous, un enfant est en capacité de comprendre et d'intérioriser chaque paroles, faits et gestes que nous avons. Les paroles dites devant eux pourrait avoir principalement un impact psychique. En effet, le petit pourrait se sentir écarté, négligé, ou mis de côté car nous ne l'incluons pas, nous parlons au-dessus de lui sans y faire attention. Il peut alors avoir une perte de confiance en lui, en nous, mais aussi en la personne visée. Par exemple, si deux collègues parlent entre elles pendant un repas en évoquant le parent d'un enfant, tous les petits pourront entendre les dires et se sentiront mis de côtés car nous ne les regardons pas, ne les écoutons pas, et n'avons pas de contact direct avec eux. Les conseils qui peuvent être donnés dans cette situation sont:

- Essayer d'inclure l'enfant le plus possible en verbalisant et communiquant avec lui, il se sentira important. Ces moments créeront d'avantages de liens entre vous.

- Si vous voulez parler d'une personne, sans faire attention à ce que vous allez dire, il serait conseillé de le faire sans la présence de l'enfant. De ce principe, vous pourrez dire ce que vous avez sur le cœur, et cela n'aura aucun impact sur l'enfant.

En espérant que cet article vous aura plus, et ainsi apporté quelques connaissances et suggestions à ce sujet.

Ecrit par

Valentine Cressot

, le

9/11/2021